E

«e» caduc (ou «e» muet, schwa, cheva)
Cheva ou schwa, souvent appelé « e muet » ou « e caduc » en français, est une voyelle qui, lorsque prononcée, correspond articulatoirement à une voyelle centrale en lieu d’articulation et moyenne en aperture. En principe, elle n’est pas arrondie, bien que la voyelle correspondant au « e muet » du français le soit chez certains locuteurs. Le premier « e » de « levure » est un cheva.
Économie linguistique
(phonétique combinatoire)
La vie des sons du langage est régie par l’économie linguistique qui met en présence deux types de pression: l’inertie des organes phonateurs et la nécessité pour les sons de se maintenir distincts pour réaliser la communication. La force d’inertie tend à rapprocher les articulations pour restreindre la dépense d’énergie. Par contre, la nécessité de la communication, telle qu’elle s’exprime dans le système des unités distinctes, tend à faire en sorte que les articulations se maintiennent comme telles, voire se différencient, évitant ainsi l’assimilation et la disparition. L’entrejeu de ces deux forces, avec les gains et les reculs tantôt de l’une, tantôt de l’autre, ponctue l’évolution linguistique.
Écoute binaurale
(phonétique auditive et perceptive)
L’écoute binaurale est une situation expérimentale dans laquelle on stimule les deux oreilles, généralement par le biais d’écouteurs, pour étudier la perception des sons, en particulier leur spatialisation. L’écoute binaurale peut être diotique ou dichotique. L’écoute diotique implique une stimulation identique des deux oreilles alors que l’écoute dichotique implique une stimulation inégale des deux oreilles, les deux stimuli pouvant différer soit en intensité, soit en phase, ou autre.
Écriture alphabétique
(écriture)
Une écriture est dite alphabétique quand chaque signe qu’elle utilise représente un segment, son ou lettre, sans distinction systématique de nature. L’écriture grecque (-2700 ans), elle-même empruntée à l’alphabet cananéen, est de type alphabétique.
Écriture syllabique
(écriture)
Une écriture est dite syllabique quand chaque forme qu’elle utilise désigne une syllabe. Dans ce type d’écriture, chaque graphème renvoie donc à un groupe non signifiant de segments, que la nature phonétique de chaque segment soit précisée ou non. L’écriture japonaise en constitue un bon exemple. On veut parler non pas du « kanji », dérivé de l’écriture idéographique chinoise, mais des caractères « hiragana » (pour les mots japonais) et « katakana » (pour les emprunts).
Efférentes (fibres)
(neurolinguistique)
Les fibres efférentes du système auditif central transmettent l’information du cortex vers la périphérie; il s’agit d’un mouvement centrifuge. Ces fibres exerçent une sorte de contrôle de l’entrée des messages. Elles agissent rétroactivement dans la production de la parole (contrôle de type « feedback »). De telles fibres partent, par exemple, du faisceau olivo-cochléairepour atteindre les cellules cochléaires réceptrices. Plusieurs autres voies descendantes ont aussi été identifiées: des projections partent des aires corticales auditives et se dirigent sans relais vers les différentes parties du corps genouillé médian, ou vers le colliculus inférieur. Anatomiquement, le trajet des voies descendantes est séparé de celui des voies montantes (afférentes).
Effet de Bernouilli
(phonétique articulatoire)
L’effet de Bernouilli, du nom du mathématicien suisse Daniel Bernouilli (1700-1782), est un phénomène physique par lequel la pression de l’air dans un corps solide est réduite lorsque l’air s’échappe de ce corps. Ce phénomène est important en phonétique parce qu’il est impliqué dans la vibration des cordes vocales. Au moment de la phonation, la fermeture des cordes vocales entraîne une augmentation de la pression sous-glottique. Cette pression force les cordes vocales à s’écarter et l’air peut ainsi s’échapper. La pression de l’air diminue alors et les cordes vocales se referment, ce qui entraîne l’augmentation de la pression sous-glottique. La répétition rapide de cette séquence constitue la sonorité nécessaire à toutes les langues.
Effet de battement
(phonétique perceptive et acoustique)
Lorsque l’on présente simultanément à un auditeur deux sons de fréquences différentes, cet auditeur discrimine normalement deux sons différents. Cependant, si l’on présente simultanément à un auditeur deux sons de fréquences voisines, par exemple un son de 200Hz et un son de 202Hz, l’auditeur ne percevra alors qu’un seul son dont l’intensité varie régulièrement, s’affaiblissant et se renforçant successivement. C’est cette fluctuation de l’intensité perçue qui est appelée effet de battement. Ces battements seront d’autant plus facilement perceptibles que leur intensité est voisine. La fréquence des battements correspond à la différence de fréquence entre les deux sons qui « battent ». Phénomène intéressant: deux sons légèrement trop faibles pour être perçus séparément peuvent donner naissance à des battements audibles.
Éjective
(phonétique articulatoire)
Une consonne éjective, ou glottalisée, suppose que, les cordes vocales étant fermées, une occlusion glottale colore une articulation principale.
Élévateurs (muscles)
(phonétique articulatoire)
Les muscles élévateurs, au nombre de six, sont responsables des déplacements verticaux du pharynx et du larynx.
Élision
(phonétique combinatoire)
Une élision consiste en la chute d’un segment vocalique final devant un segment vocalique initial. Par exemple, en français, c’est par élision que « la arme » devient « l’arme ».
Émotif (accent ou accent expressif)
(prosodie)
Un accent expressif ou émotif renseigne sur l’état d’esprit du locuteur. Plusieurs nuances de sens peuvent être par là véhiculées. Les déplacements accentuels servent ainsi à transmettre des sentiments d’impatience, de colère, de doute, d’incertitude, d’amour ou de haine, etc. C’est le domaine de l’expression des émotions.
Emphatique (consonne)
(terme articulatoire)

Une consonne emphatique nécessite un déplacement secondaire de l’articulation principale vers le palais mou ou le pharynx.

Emphatique (fonction)
On dit d’un élément phonique qu’il exerce une fonction emphatique quand, sans émotivité particulière, il place une insistance certaine sur une syllabe qui, dans le contexte où elle se trouve, ne serait habituellement pas mise en valeur, soit par un accent de mot, ou de groupe rythmique, ou de phrase. La montée de la voix, par exemple, en français, sur le premier mot dans « ‘tu es fou », joue bien entendu ce rôle (c’est toi qui es fou et non pas quelqu’un d’autre). Le même phénomène se produit en anglais lorsque l’accent primaire se déplace sur la première syllabe dans « ‘I ate bread » (c’est moi et non quelqu’un d’autre qui ai mangé le pain).
Enclume
(Phonétique auditive et perceptive)
L’enclume est le second des trois os constituant la chaîne des osselets, située dans l’oreille moyenne. Cette dernière relie le tympan à la fenêtre ovale et a pour fonction de transmettre les vibrations produites par le son de l’un à l’autre. L’enclume, qui pèse environ 25g, est articulée avec le marteau, mais l’articulation enclume-marteau est ankylosée et ne permet que des mouvements très restreints. L’articulation enclume-étrier est par contre plus souple, ce qui permet à l’étrier de se déplacer.
Encodage
(phonétique auditive et perceptive)
Alors que le décodage procède de la conversion du son en phonèmes, à l’inverse, l’encodage procède de la conversion du phonème en un son, ou signal acoustique. L’encodage inclut donc la production du signal, son articulation, mais il inclut également tous les processus neurologiques nécessaires à la construction du message, incluant la commande neuronale faite aux muscles.
Énergie spectrale
(phonétique acoustique)
Le terme « énergie spectrale » ou « énergie acoustique » réfère à l’énergie transmise par l’onde sonore dans la parole. Cette énergie, bien qu’infime, est perçue par l’oreille humaine, laquelle est très sensible. Naturellement, ce sont les sons de grande amplitude qui nécessitent le plus d’énergie. Cependant, de deux sons d’amplitudes égales, c’est le son de fréquence plus élevée qui utilisera la plus grande quantité d’énergie, et qui sera également perçu comme le plus fort.
Énoncé
(phonétique générale)
Un énoncé peut être défini comme une portion de la chaîne parlée comprise entre deux interruptions, ou pauses. La parole produite n’a pas forcément de statut syntaxique particulier (paragraphe, phrase, syntagme, mot…).
Entravée
(phonétique articulatoire)
Quand une voyelle fait partie d’une syllabe fermée, c’est une voyelle entravée.
Épenthèse
(terme articulatoire)
L’épenthèse est un phénomène qui consiste en l’apparition d’un son à l’intérieur d’un mot. Cet ajout non étymologique s’explique souvent par une volonté d’adoucissement de l’articulation. En français, la prononciation de « arc-boutant » tend à se réaliser comme si le mot s’orthographiait « arque-boutant ».
Épiglottale
(terme articulatoire)
Une consonne épiglottale se réalise par une occlusion du bas du pharynx (lieu d’articulation) par l’épiglotte (articulateur). L’épiglotte empêche alors l’air provenant des poumons de se diriger dans la cavité buccale.
Épiglotte
(terme articulatoire)
L’épiglotte est une masse fibro-cartilagineuse située à la base de la langue, derrière l’hyoïde. Elle joue le rôle d’une valve en fermant l’entrée du larynx lors de la déglutition, empêchant ainsi les aliments de pénétrer dans la trachée. On pense qu’elle intervient également dans la réalisation de certaines consonnes, appelées épiglottales.
Épiglotto-pharyngale
(terme articulatoire)
Une réalisation épiglotto-pharyngale a l’épiglotte comme articulateur et le pharynx comme lieu d’articulation.
Étrier
(Phonétique auditive et perceptive)
L’étrier est le dernier des trois os constituant la chaîne des osselets, située dans l’oreille moyenne. Cette dernière relie le tympan à la fenêtre ovale et a pour fonction de transmettre les vibrations produites par le son de l’un à l’autre. L’étrier, qui pèse environ 2g, est articulé à l’une de ses extrémités avec l’enclume et, à l’autre extrémité, il obture la fenêtre ovale. L’articulation enclume-étrier étant souple, elle permet à l’étrier de se déplacer dans la fenêtre ovale au gré des vibrations qu’il reçoit et qu’il transmet à l’oreille interne via la fenêtre ovale.
Euphonie
Le terme « euphonie » réfère, en musique, à une harmonie de sons agréablement combinés, alors qu’en linguistique il désigne une succession agréable de sons d’une langue, dans le cadre d’un mot ou d’une phrase. Par exemple, c’est semble-t-il pour préserver l’euphonie de la langue que l’on insère, en français, un « t » dans « a-t-il ». La quête de l’euphonie est à l’origine de plusieurs changements phonétiques. Le contraire de l’euphonie est la cacophonie.
Eustache (trompe d')
(phonétique auditive et perceptive)
La trompe d’Eustache, qui s’ouvre lors de la déglutition, est un conduit rempli d’air qui permet à l’oreille moyenne de communiquer avec le nasopharynx.
Évolutive (phonétique)
(domaine de la phonétique)
On l’appelle également phonétique évolutive, ou encore, phonétique comparée (ou comparative). Elle est apparue au 19e siècle. Il s’agit d’un mouvement qui, autant par sa méthode rigoureuse que par sa recherche des lois générales d’évolution phonétique, contribua à l’avènement d’une authentique science phonétique. Les principaux représentants de ce mouvement théorique ont été le Danois Rasmus Rask et les Allemands Franz Bopp et Jakob Grimm. Ils pratiquaient la comparaison systématique des langues dans l’étude de leur évolution.
Expérimentale (phonétique)
(domaine de la phonétique)
Appelée aussi phonétique instrumentale. Il s’agit de l’étude du matériau phonétique à l’aide d’appareils mécaniques, électriques, électroniques, informatiques, ou autres.
Expiration
(phonétique articulatoire)
L’expiration consiste en une diminution du volume de la cage thoracique qui exerce une pression sur les poumons, libérant du même coup l’air qui s’y trouve. L’air libéré est en quantité égale à celui qui était entré lors de l’inspiration. C’est au cours de l’expiration que sont produits la plupart des sons humains (sauf en ce qui concerne les clics).
Explosion (ou détente)
(phonétique articulatoire)
L’explosion, appelée également détente, est la phase finale de la production d’une consonne occlusive. Elle est ainsi nommée à cause du bruit que produit l’air qui est brusquement libéré après la rupture du contact entre l’articulateur et le lieu d’articulation. Lors de la réalisation d’une occlusive, l’explosion est précédée de l’implosion et de la tenue.
Explosive
(phonétique articulatoire)
On appelle « explosive » la consonne occlusive, en raison du bruit d’explosion que produit l’air qui s’échappe brusquement au relâchement de l’occlusion.
Expressive (fonction)
On dit d’un élément phonique quelconque qu’il exerce une fonction expressive quand il renseigne tout simplement sur l’état d’esprit du locuteur. L’expressivité relève des émotions, des sentiments (colère, surprise, doute, bonheur, tristesse, impatience, étonnement, incrédulité, satisfaction, irritation, etc.) que le locuteur veut transmettre. En ce qui concerne plus particulièrement l’accent, il paraît utile de distinguer entre l’accent d’insistance (cf. fonction emphatique) et l’accent émotif (« ‘arrête! ») qui, lui, exerce bel et bien une fonction expressive. Par ailleurs, il faut bien insister sur le fait que les effets de sens créés par l’expressivité, ou l’insistance du reste, n’entraînent pas pour autant des monèmes différents. Par conséquent, dans ces cas il n’y a pas de fonction distinctive.
Externe (oreille)
(phonétique auditive et perceptive)
L’oreille externe est constituée de trois parties: le pavillon, la conque et le conduit auditif externe, lequel se termine par le tympan. L’oreille externe joue essentiellement deux rôles: celui de produire un gain de pression, au niveau du conduit auditif externe surtout, et celui d’aider à la localisation sonore (le son provient-il de l’avant ou de l’arrière, du haut ou du bas, de gauche ou de droite).

F

Facial (nerf)
(phonétique auditive et perceptive)
Le nerf facial est le VIIe nerf crânien, et l’un des nerfs crâniens participant au contrôle buccophonatoire. Le nerf facial contrôle notamment les muscles des lèvres ainsi que le muscle buccinateur, situé dans la joue et dont la contraction tire la commissure des lèvres vers l’arrière. Les lésions touchant ce nerf affectent particulièrement la production des consonnes bilabiales ([p m b]) et des voyelles arrondies ([u y], etc.).
Faisceau arqué
(neurolinguistique)
Le faisceau arqué est un ensemble d’axones reliant les aires de Broca et de Wernicke. Une lésion de ce faisceau entraîne l’aphasie dite de conduction, caractérisée surtout par des troubles de la répétition, alors que la compréhension du langage demeure normale et que la parole est fluide et grammaticale.
Faisceau longitudinal supérieur
(neurolinguistique)
Le faisceau longitudinal supérieur est un regroupement d’axones situés à l’intérieur de la zone du langage dans le cerveau. Ce faisceau est parfois confondu avec le faisceau arqué, auquel cas il relie l’aire de Broca et l’aire de Wernicke, jouant ainsi un rôle considérable dans le langage. Cela dit, d’aucuns considèrent le faisceau longitudinal supérieur plutôt comme un important regroupement de fibres associatives longues, distinct du faisceau arqué qui n’en représente alors qu’une portion. Dans ce cas, il aurait plutôt comme fonction de relier ensemble les lobes frontal, pariétal, occipital et temporal.
Fenêtre ovale
(phonétique auditive et perceptive)
La fenêtre ovale, petit orifice de l’oreille interne, est connectée à la chaîne des osselets et à la cochlée, reliant ainsi les oreilles moyenne et interne. La fenêtre ovale, qui est obturée par l’étrier, a pour fonction de transmettre les vibrations provenant des osselets à la membrane basilaire de la cochlée.
Fenêtre ronde
(phonétique auditive et perceptive)
L’une des deux rampes du limaçon osseux de l’oreille interne, la rampe tympanique, laquelle contient un liquide nommé périlymphe, aboutit à la fenêtre ronde, qui est fermée par une membrane appelée autrefois tympan secondaire. La fenêtre ronde a comme fonction de relier la caisse du tympan et l’oreille interne.
Fermée (voyelle)
(terme articulatoire)

Une voyelle fermée est caractérisée par une petite aperture mais un écoulement libre de l’air.

Fermée (syllabe)
Une syllabe fermée se termine par une consonne prononcée. Rappelons que syllabes orales et syllabes écrites ne correspondent pas forcément et qu’il n’y a pas non plus nécessairement correspondance entre syllabe orale et son. À titre d’exemple, l’anglais est une langue ayant une tendance à la syllabation fermée.
Fibres postéro-antérieures
(neurolinguistique)
Les fibres postéro-antérieures sont un regroupement de longs axones associatifs impliqués dans le processus d’écriture copiée (dite « transposition visuo-manuelle ») et d’écriture dictée (dite « transposition audio-manuelle »).
Filtre linguistique
Le « filtre linguistique » est l’empreinte de la personne sur la langue. On pense ici à la fois à l’acquisition, à la compréhension, à l’exécution et à la représentation de la langue par l’individu. Il ne faut pas confondre le filtre linguistique avec la seule « parole » sausurrienne, ou avec la seule « performance » chomskienne, ou encore, avec la seule « attitude » labovienne, car il comprend tout autant la « langue » (le système), la « compétence », ou le « comportement ». Sur le plan de la structure phonique, le filtre linguistique a un impact indéniable. C’est lui qui, très souvent, explique pourquoi la discrimination auditive, la prononciation, ainsi que la perception que l’on peut avoir des phénomèmes langagiers, y compris des siens, sont si variables d’un locuteur à l’autre.
Fluidité
(prosodie)
La fluidité est un terme employé en prosodie pour désigner le caractère de la parole continue qui ne comporte ni pauses ni hésitations. La fluidité est en ce sens un synonyme de la continuité.
Fonction
Cette notion fait appel au rôle qu’exerce un élément phonique dans une langue. À cet égard, il est nécessaire de préciser qu’une même caractéristique phonique peut prendre des valeurs très différentes selon les langues. Ainsi, en toura (langue à tons de la Côte d’ivoire), les variations de la hauteur de la voix permettent de distinguer des mots différents: [gba:] (avec un ton très haut) signifie « arbre », alors que [gba:] (avec un ton très bas) signifie « drap ». En revanche, en montagnais (langue algonquienne du Québec), des variations comparables de la voix serviront plutôt à bien détacher les syllabes les unes des autres, la syllabe haute étant une syllabe accentuée (‘): [Is’kwe:w] « femme » mais [Iskwe:ma:j’kan] « louve ». Par ailleurs, dans l’exemple qui suit en français, la montée de la voix sur le mot « voit » marque tout simplement une insistance de la part du locuteur: « Marie ‘voit Jean » (avec insistance sur « voit »). On dit alors de la hauteur de la voix qu’elle est distinctive (=ton) en toura, contrastive (=accent démarcatif) en montagnais et emphatique (=accent d’insistance) en français.
Naturellement, il arrive qu’un même trait phonique exerce des fonctions linguistiques très différentes à l’intérieur d’une même langue. En chinois mandarin, par exemple, la hauteur de la voix exerce selon le cas une fonction distinctive (a.), contrastive (b.), ou emphatique (c.):
a. [ma] signifie « lin » lorsqu’il comporte un ton montant, mais « injurier » avec un ton descendant;
b. dans /wo ‘he cha/ (« je bois du thé »), la seconde syllabe sera normalement plus haute que les deux autres;
c. dans /’ta ma wo/ (« il m’injurie »), un accent de hauteur sur la première syllabe marquera une insistance sur « il », alors que /ta ‘ma wo/ produira une insistance sur « injurie », et /ta ma ‘wo/ une insistance sur « m' ».
On distingue donc plusieurs fonctions linguistiques: distinctive, contrastive, emphatique, expressive, interrogative, phatique.
Fonction interrogative
On dit d’un élément phonique quelconque qu’il exerce une fonction interrogative quand il semble prendre une valeur monématique, s’inscrivant ainsi en marge de la double articulation du langage (unités distinctives sans signifié versus les unités significatives formées des premières). L’intonation montante est un signifiant dont le signifié s’identifie souvent à « question », ou à « interrogation »: la phrase « Il neige? » comporte les mêmes monèmes que son équivalente assertive mais prend le sens de l’interrogative précisément par le biais de l’inversion de la courbe mélodique. Or, on ne peut pas dire de l’intonation qu’elle est distinctive ici puisque les monèmes dont il s’agit sont identiques. Toutefois, l’intonation montante exerce un rôle bien spécifique, quoique pratiquement universel et il est nécessaire d’en tenir compte. D’un point de vue fonctionnel, le rôle joué par cette intonation montante ne peut être placé sur le même plan que la hauteur élevée sur une syllabe dans les cas d’expressivité. Il n’y a pas d’émotion particulière ici, ni d’insistance, ou d’effet de sens spécial. Il y a opposition binaire entre affirmation et interrogation. On réserve le terme de fonction interrogative aux éléments phoniques qui s’apparentent systématiquement à des monèmes précis, sans en être et sans être constitués de phonèmes.
Fonction phatique
On dit d’un élément phonique quelconque qu’il exerce une fonction phatique quand il sert à maintenir le lien conversationnel entre le locuteur et l’interlocuteur. Ainsi, un locuteur parsèmera ses phrases de nombreux « euh… » pour indiquer qu’il n’a pas fini de parler. De son côté, un interlocuteur, au téléphone par exemple, aura recours à des mots comme « si », « oui », « ouais », etc., pour indiquer au locuteur qu’il est toujours là.
Fondamentale (fréquence ou Fo)
(phonétique acoustique)
La fréquence fondamentale (abréviation « Fo ») est la composante spectrale la plus basse d’un son. C’est cette fréquence qui fixe la hauteur des sons: si elle est basse, alors le son sera grave, et si elle est haute, alors le son sera aigu. La fréquence fondamentale est fonction des vibrations laryngées. La fréquence fondamentale correspond à l’harmonique zéro, qui est l’harmonique le plus grave.
Formants (F1, F2, F3, F4)
(phonétique acoustique)
Les cordes vocales produisent l’énergie sonore qui est résonnée et filtrée par des cavités de résonnance: les cavités nasale, buccale, labiale et pharyngale. Lors de la phonation, certaines fréquences du son produit par les cordes vocales sont amplifiées par les cavités de résonance en fonction de la fréquence de résonance propre à chaque cavité. Les fréquences qui sont amplifiées sont celles qui sont voisines de la fréquence caractéristique de la cavité, les autres fréquences étant affaiblies. Ce sont les fréquences renforcées que l’on nomme « formants ». Les formants permettent de discriminer des voyelles ayant la même fréquence fondamentale, la même amplitude et la même durée. Les formants (abréviation F1, F2, F3, F4) permettent en fait d’identifier le timbre des sons. Les valeurs en Hertz des quatre premiers formants des sons humains sont particulièrement significatives.
Forte
(phonétique articulatoire)
Une consonne est dite « forte » lorsqu’elle est articulée avec une forte tension musculaire. Les consonnes [s t k f] sont autant d’exemples de consonnes fortes.
Fréquence
(domaine acoustique)
La fréquence d’un son correspond au nombre de vibrations doubles par seconde. Un cycle par seconde équivaut à un Hertz. Plus il y a de Hertz (abréviation=Hz), plus le son est perçu haut. La composante spectrale la plus basse d’un son est appelée fréquence fondamentale (Fo). C’est elle qui fixe la hauteur d’un son. À la base, elle est fonction, au plan articulatoire, des vibrations laryngées. Une basse fréquence donne un son grave, une haute fréquence, un son aigu. Le fondamental de la voix parlée s’inscrit normalement dans un registre de 100 à 150Hz chez l’homme, de 200 à 300Hz chez la femme et de 300 à 450Hz chez l’enfant. La voix chantée d’un soprano varie entre 260 et 1300Hz, celle du ténor entre 120 et 520Hz et celle de la basse entre 65 et 325Hz. La gamme des fréquences d’un violon s’étend de 200 à 2650Hz, celle du piano de 27 à 4150Hz et celle de l’orgue de 16 à 16000Hz. Comme on peut s’en douter, l’audibilité de la fréquence baisse avec l’âge: à 30 ans, elle atteint 15kHz, à 50 ans 12kHz, à 60 ans 10kHz et à 70 ans 6kHz.
Fréquence (gamme de)
(phonétique acoustique)
En musique, une gamme est une série de tons dont les fréquences s’accroissent ou décroissent par intervalles prédéfinis. C’est en quelque sorte une échelle de hauteur. Il existe plusieurs types de gammes. Les gammes dites « justes » ou « non tempérées » sont des échelles musicales qui ne font usage que des intervalles de la série harmonique, alors que les gammes dites « également tempérées » sont des échelles musicales dans lesquelles l’octave est divisé en 12 intervalles égaux ne correspondant pas nécessairement aux harmoniques.
Fricative
(terme articulatoire)

Une consonne fricative est une consonne constrictive qui comporte une forte tension musculaire.

Friction
(phonétique articulatoire)
La friction apparaît quand il y a resserrement du chenal expiratoire pendant la réalisation d’une consonne. Puisqu’il n’y a pas fermeture complète du chenal expiratoire, il y a sortie d’air et production d’un bruit de frottement entre l’air et les parois des organes.

G

Ganglion
(phonétique auditive et perceptive)
Le ganglion spiral est composé de l’ensemble des cellules du modiolius de la cochlée. Ces cellules reçoivent l’influx nerveux en provenance des cellules ciliées externes et internes, lesquelles sont situées dans l’organe de Corti. Elles envoient des signaux aux noyaux cochléaire, situés dans le bulbe rachidien. Ces signaux sont transmis via le nerf auditif.
Géminée
Une consonne géminée s’articule au moyen d’un redoublement ou d’un allongement de la consonne.
Générale (phonétique)
(domaine de la phonétique)
Étude des possibilités humaines en matière de prononciation linguistique. La phonétique générale examine toute la gamme des sons qui peuvent être produits par l’appareil vocal, indépendamment des langues particulières et de la fonction que ces sons peuvent occuper dans chacune. La considération du plus grand nombre de langues possible devient alors un impératif.
Génioglosse
(phonétique articulatoire)
Muscle dont la contraction a pour effet d’abaisser et d’avancer la racine de la langue, modifiant du même coup l’extension du pharynx.
Glide
(phonétique articulatoire)
À toutes fins utiles, le « glide » (ex.: [j] et [w]) est un autre mot (d’origine anglaise) pour une semi-voyelle (ou une semi-consonne). À certains égards, il a les caractéristiques d’une voyelle (périodicité, possibilité de formants acoustiques), mais à d’autres égards (grande fermeture, instabilité formantique, son de transition ou de passage) il s’apparente aux consonnes.
Glissando
(phonétique acoustique, phonétique auditive et perceptive)
Le glissando est une technique vocale ou instrumentale consistant à faire entendre rapidement tous les sons compris entre deux notes en « glissant ». Au piano, par exemple, le glissando indique qu’il faut faire glisser le doigt rapidement sur toutes les touches comprises entre la note la plus grave et la note la plus aiguë.
Glottale
(terme articulatoire)

Une consonne glottale est articulée au niveau de la glotte.

Glottalisée
(terme articulatoire)
Une consonne glottalisée implique pour une consonne ayant un lieu d’articulation autre que glottal qu’elle s’accompagne tout de même d’une occlusion glottale (fermeture des cordes vocales) lors de sa réalisation.
Glotte
(terme articulatoire)
La glotte est l’espace entre les deux membranes musculaires que constituent les cordes vocales. Les variations de formes et de dimensions de la glotte déterminent les différents types de phonation.
Glottographie
(phonétique articulatoire et expérimentale)
La glottographie électrique, ou électroglottographie, est une méthode utilisée en physiologie phonatoire permettant d’étudier les mouvements d’ouverture et de fermeture de la glotte lors de la phonation (électroglottographie phonatoire). Découverte en 1957 par Philippe Fabre, professeur de physique biologique à l’Université de Lille, cette méthode a ensuite (1961) été appliquée à l’étude des mouvements lents des cordes vocales lors de la respiration (électroglottographie respiratoire). Elle consiste essentiellement en ceci: on place de part et d’autres du cartilage thyroïdien deux électrodes dans lesquelles circule un courant de haute fréquence (200000Hz) à très faible intensité. Par un dispositif approprié, appelé « glottographe », les vibrations des cordes vocales sont projetées sur un oscillographe cathodique. L’image ainsi produite, le glottogramme, matérialise le discours en fonction du temps de vibrations des cordes vocales.
Grasseyé
(terme articulatoire)
Le « r » grasseyé ([R]) est une consonne vibrante caractérisée par des battements de la luette.
Grave
(phonétique auditive et perceptive)
La contrepartie perceptive de la fréquence est la hauteur. Le terme « grave » réfère à l’un des deux attributs perceptifs de la hauteur, l’autre étant dit « aigu ». Plus la fréquence d’un son est basse, plus le son sera perçu comme grave.
Groupe de souffle (ou groupe intonatif, ou syntagme intonatif)
(prosodie)
SYNTAGME INTONATIF (OU GROUPE INTONATIF OU GR. DE SOUFFLE)

Les critères généralement utilisés pour définir un syntagme intonatif (ou l’unité intonative) sont: la pause, l’anacrouse, la durée et la hauteur. Bien que la pause ne soit pas utilisée seule et qu’elle ne marque pas toujours les frontières du SI, elle reste l’indice de délimitation le plus fiable. Les pauses apparaissent régulièrement en fin de constituants syntaxiques et autres découpages sémantiques majeurs, puis, devant des mots à contenu lexical élevé (ceux qui contiennent le plus d’information), ou encore, après le premier mot du SI. L’anacrouse, groupement de syllabes faibles (inaccentuées), révèle souvent la présence du début d’un SI. D’autre part, la syllabe finale d’un SI, accentuée ou non, est souvent allongée, marquant ainsi la fin du SI. Enfin, un changement de niveau de hauteur, ou de direction de hauteur, sur des syllabes inaccentuées, peut constituer un indice de frontière de SI. En outre, sur le plan des critères internes, deux éléments doivent être présents pour constituer un SI: il doit y avoir au moins une syllabe accentuée, et un changement de hauteur vers celle-ci ou à partir de celle-ci doit être manifeste.
Par ailleurs, dès que l’on s’interroge sur les fonctions linguistiques exercées par l’intonation, on est frappé de constater la cohésion qui existe entre le SI et les constituants syntaxiques de la phrase. Sans être véritablement un critère d’identification syntaxique, la répartition des SI tend à servir d’indice à cette identification en s’alignant sur la structure syntaxique.

Groupe rythmique
(prosodie)
Un groupe rythmique est une suite de syllabes délimitées par un (seul) accent (primaire). Il peut s’agir d’un mot, d’un syntagme, ou d’une phrase. L’unité rythmique intervient dans l’analyse de la structure métrique des énoncés.
Gutturale
(terme articulatoire)
Une consonne gutturale a l’arrière de la cavité buccale comme lieu d’articulation.
Gutturalisation
(phonétique articulatoire)
La gutturalisation consiste en un déplacement vers l’arrière de la cavité buccale du point d’articulation d’un phonème.

H

Hamza
(terme articulatoire)
Le « hamza » (désignation arabe) a comme lieu d’articulation la glotte et comme articulateurs les cordes vocales. Il consiste en une occlusion glottale, c’est-à-dire une fermeture de la glotte suivie d’une brusque ouverture. Le « hamza » est très fréquent en arabe, mais s’entend aussi en allemand, où il constitue une attaque vocalique particulière.
Harmonie
(phonétique acoustique, phonétique perceptive)
En musique, l’harmonie est la science des accords et de leur enchaînement. En linguistique, c’est l’étude de l’accord entre des éléments formels comme la mélodie, la sonorité, l’accent, etc., à savoir tout ce qui produit une impression agréable d’unité.
Harmonie vocalique
(phonétique combinatoire)
Le terme « harmonie vocalique » désigne un phénomène d’assimilation attesté dans de nombreuses langues. Il s’agit, à l’intérieur d’un mot, d’une assimilation du timbre de deux voyelles qui ne se succèdent pas immédiatement (= non contiguës). En français, c’est un phénomène d’harmonie vocalique qui transforme le mot « définition » en « défénition », le timbre de la voyelle « i » s’assimilant au timbre de la voyelle précédente « é ». Toutefois, certains limitent l’harmonie aux assimilations régressives (s’effectuant de droite à gauche), par opposition aux assimilations progressives (s’effectuant de gauche à droite).
Harmoniques (H1, H2, etc.)
(phonétique acoustique)
Les réflexions dans la colonne d’air de l’appareil phonatoire donnent lieu à des séries harmoniques d’ondes vibrantes à des fréquences multiples exactes (fractions) d’une fréquence fondamentale. Par conséquent, à une fréquence fondamentale de 100Hz, correspondent des harmoniques de 200Hz, 300Hz, 400Hz, etc. L’amplitude des harmoniques décroît avec leur nombre. Un son humain est une tonalité complexe, un ensemble de fréquences. Or, un son complexe comprend un fondamental et des harmoniques. Le terme harmonique désigne, en acoustique, toutes les fréquences d’un son complexe qui sont des multiples entiers de la fréquence fondamentale (Fo), laquelle représente la fréquence la plus basse du son. Les harmoniques prennent forme dans la réflexion de l’onde. Les 15 premiers harmoniques sont particulièrement importants en reconnaissance de la parole. Par le phénomène de résonance et selon la configuration du corps vibrant, certains harmoniques sont amplifiés, d’autres sont amortis. Cette amplification donne naissance au formants, responsables du timbre acoustique.
«h» aspiré
(phonétique articulatoire)
Lorsque le « h » aspiré est prononcé ([h]), c’est une consonne qui implique l’émission d’un souffle glottal. Il nécessite donc une expiration et non une inspiration d’air, comme pourrait le laisser croire le terme. En réalité, en français, le « h » dit aspiré est souvent muet, comme dans « hache ». Dès lors, en transcription phonétique, il n’est pas noté.
Hauteur
(phonétique auditive et perceptive)
La hauteur est une sensation auditive basée sur la perception de la fréquence du signal acoustique. Il s’agit donc d’un paramètre perceptif dont la contrepartie acoustique est fonction de la vitesse du mouvement vibratoire. Bien qu’il n’y ait pas de correspondance absolue et toujours nécessaire entre la fréquence acoustique et la hauteur perçue (=tonie), on peut dire que, toutes choses égales par ailleurs, il y a une forte corrélation entre les deux. Par exemple, à certaines amplitudes vibratoires tout au moins, une augmentation de la fréquence produira une hauteur perçue plus haute, mais pourra également, le cas échéant, entraîner une augmentation de l’intensité. L’unité de la fréquence étant le Hertz (Hz), l’être humain peut percevoir des sons à fréquence aussi basse que 16 Hz et aussi haute que 20 kHz.
Hélicotrème
(phonétique auditive et perceptive)
L’hélicotrème est un orifice situé à l’apex de la cochlée qui relie la rampe tympanique et la rampe vestibulaire, alors que le canal cochléaire se referme.
Hertz (abrév. Hz)
(phonétique acoustique)
Le Hertz (Hz), du nom du physicien germanique Heinrich Hertz (1857-1894), est une unité standard scientifique de mesure de la fréquence, correspondant à un cycle par seconde. Ce terme est employé en phonétique acoustique pour mesurer les mouvements d’aller-retour effectués par l’onde sonore.
Hiatus
(phonétique combinatoire)
Le hiatus consiste en la rencontre immédiate de deux voyelles pleines à l’intérieur d’un mot, ou entre deux mots. En français, les mots « Noël » et « aorte » comportent chacun un hiatus.
Hiéroglyphe
(phonétique acoustique)
Le Hertz (Hz), du nom du physicien germanique Heinrich Hertz (1857-1894), est une unité standard scientifique de mesure de la fréquence, correspondant à un cycle par seconde. Ce terme est employé en phonétique acoustique pour mesurer les mouvements d’aller-retour effectués par l’onde sonore.
Hypercorrection
(terme articulatoire)
L’hypercorrection consiste en une tentative ratée d’un locuteur d’ajuster son discours à la norme de prestige. Ainsi, par analogie avec des formes normatives attestées dans tel contexte, le locuteur fait usage de formes que l’on n’utilise pas dans cet environnement. En français du Québec, par exemple, prononcer « port » avec un « a » d’arrière est une hypercorrection. Le locuteur qui procède part du fait que l’on ne doit pas prononcer « part » avec une diphtongue d’arrière ou un « a » sombre. Mais il applique, à tort, le même raisonnement à « port », ignorant du même coup l’opposition entre /o/ ouvert et /a/ postérieur dans ce contexte en français.