Ce lexique comprend environ 500 entrées regroupant
les définitions des termes phonétiques les plus courants.
Ces définitions ont été rédigées pour la majorité par Mesdames
Annie Galarneau et Pascale Tremblay.
Nous les remercions vivement.

A

A.P.I

La notation des langues, c’est-à-dire la représentation des langues au moyen d’une écriture, repose avant tout sur la discrimination auditive. Celle-ci consiste en la reconnaissance des unités de base d’une langue par l’oreille et le cerveau. Par la suite, ces unités sont identifiées (définies), puis représentées au moyen d’une écriture. L’alphabet phonétique international (A.P.I.) est une écriture constituée d’un ensemble de symboles qui visent à représenter graphiquement les impressions langagières perçues. Son principe est le suivant: pour un même son perçu, n’avoir toujours recours qu’au même symbole. C’est ce que l’on appelle la correspondance bi-univoque entre phonie et graphie. Précisons que ce principe est généralement ignoré par les orthographes traditionnelles

Abduction

(terme articulatoire)
Se dit des cordes vocales lorsqu’elles sont éloignées l’une de l’autre, laissant alors la glotte ouverte. C’est la position du ligament vocal lors de la respiration. Le chuchotement, les sons sourds et les consonnes improprement appelées «aspirées» (puisqu’elles sont en fait expirées) nécessitent généralement un resserrement des cordes vocales.

Accent (individuel, régional, national)

(prosodie)
Dans l’usage populaire, ce mot renvoie généralement à tout ce qui permet d’identifier des habitudes particulières de prononciation. Il peut s’agir des habitudes d’une personne, de celles d’un groupe habitant une région donnée, ou encore de celles pratiquées par tout un pays. Ces habitudes peuvent également être celles d’une classe sociale, ou d’un groupe d’âge, par exemple. Bref, ce mot désigne alors ce que l’on pourrait qualifier de phonétisme indexant (individuellement, géographiquement, socialement, etc.).

Accent contrastif
(prosodie)
Fonctionnellement, l’accent représente une mise en relief d’un son ou d’une séquence de sons au détriment des autres dans la chaîne. Ceci correspond à ce que l’on appelle généralement la fonction contrastive de l’accent ou de l’accentuation. Lorsqu’il s’agit d’une langue à accent fixe, comme le tchèque (où l’accent tombe sur la 1re syllabe du mot) ou le français (sur la dernière syllabe du mot, du groupe rythmique, ou du syntagme intonatif), le contraste prend une forme démarcative (ou délimitative) puisqu’il est ainsi possible de repérer les frontières d’unités significatives. Dans le cas des langues à accent libre, comme l’anglais ou l’italien, où le point de chute de l’accent est variable dans le mot, le contraste prend une valeur culminative car il met alors en évidence tout simplement les points culminants de l’énoncé.
Acoustiquement, les paramètres sous-jacents à l’accent sont la fréquence, l’amplitude et la durée. Selon le cas, l’un ou l’autre de ces paramètres sous-tendra l’accent, sans qu’il soit exclu que les trois paramètres y contribuent simultanément.
Les contreparties perceptives de ces trois paramètres sont respectivement la hauteur, l’intensité et la longueur.
Accent didactique
(prosodie)
C’est celui que l’on utilise pour créer des proéminences en discours formel. Les mises en relief, qui portent alors sur des endroits de l’énoncé où on ne les retrouverait pas forcément en langage spontané, ou moins relevé, ont ainsi une valeur pédagogique. Elles visent à maintenir l’intérêt et à attirer l’attention sur tel ou tel point du discours.
Accent d'insistance
(prosodie)
Pour mettre l’emphase sur une unité de sens particulière dans un énoncé, nous avons régulièrement recours en conversation aux accents d’insistance. Ils se placent généralement à des endroits où ils ne sont normalement pas attendus, attirant d’autant l’attention des interlocuteurs.
Accent distinctif
(prosodie)
Lorsque dans une langue le point de chute de l’accent peut varier dans le mot, il arrive fréquemment que la place de l’accent prenne une valeur distinctive. C’est le cas en italien ou /’kanto/, avec l’accent sur la première syllabe, signifie « je chante », et /kan’to/, avec l’accent sur la seconde syllabe, signifie « il chanta ». La place d’un accent (et non pas l’accent en tant que tel) est distinctive quand elle entraîne une opposition entre des monèmes différents.
Accent expressif (ou émotif)
(prosodie)
Un accent expressif ou émotif renseigne sur l’état d’esprit du locuteur. Plusieurs nuances de sens peuvent être par là véhiculées. Les déplacements accentuels servent ainsi à transmettre des sentiments d’impatience, de colère, de doute, d’incertitude, d’amour ou de haine, etc. C’est le domaine de l’expression des émotions.
Accent fixe
(prosodie)
Un accent est fixe à partir du moment où sa place dans le mot est complètement prévisible dans une langue. En français, par exemple, l’accent est fixe puisque, l’interrogation mise à part et en dehors des cas d’emphase ou d’expressivité, il tombe le plus souvent sur la dernière syllabe du monème, du mot, du syntagme phonique, ou de la phrase. En réalité, il n’y a donc pas d’accent de mot en français, la mise en relief se déplaçant automatiquement vers la droite au fur et à mesure que l’énoncé se construit. D’autres langues ont un véritable accent (fixe) de mot: le tchèque sur la 1re syllabe, par exemple, ou le turc sur la dernière syllabe.
Accent libre
(prosodie)
Prenons un mot de trois syllabes, par exemple. On pourra dire que, dans une langue donnée, l’accent est libre quand il peut tomber aussi bien sur la première, la deuxième, ou la troisième syllabe des mots de cette langue. En anglais, par exemple, l’accent se déplace de cette façon dans «’singular», «per’missive» et «incor’rect». Précisons que la liberté ne consiste pas ici en la possibilité de mettre l’accent où l’on veut dans un mot donné. Bien au contraire, dans les langues à accent libre, chaque mot a acquis avec le temps une structure accentuelle propre. Par conséquent, pour savoir où l’accent tombera dans un mot, il faut connaître ce mot et avoir mémorisé non seulement ses phonèmes mais également sa structure accentuelle.
Accent primaire
(prosodie)
Ce concept est lié à celui d’accent secondaire. Lorsque, dans un polysyllabe, il y a co-occurrence de deux proéminences, l’accent primaire désigne celui qui est perçu comme dominant.
Accent secondaire
(prosodie)
Ce concept est lié à celui d’accent primaire. Lorsque, dans un polysyllabe, il y a co-occurrence de deux proéminences, l’accent secondaire désigne celui qui est perçu comme moins dominant.
Accent tonique
(prosodie)
Dans les langues où chaque mot comporte un accent, on parle d’un accent tonique. Il en va ainsi en anglais où, dans des mots comme «’national», «to’matoes» et «incom’mode», l’accent de mot, donc l’accent tonique, se déplace d’une syllabe à l’autre. Anciennement, on supposait que cet accent était imputable à la hauteur de la voix, ou du «ton», d’où le terme «tonique».
Accentué
(prosodie)
Est accentuée l’unité de la chaîne qui reçoit l’accent. Dans les énoncés, l’unité accentuelle est généralement la syllabe, qui peut être constituée d’un seul segment (une voyelle ou une consonne syllabique) ou de plusieurs segments (une voyelle entourée de consonnes).
Accentuelle (cadence)
(prosodie)
On parle d’une langue à cadence accentuelle quand celle-ci crée son rythme en faisant alterner les syllabes accentuées et les syllabes inaccentuées, ces dernières étant plus brèves et comportant souvent des voyelles réduites (sorte de «cheva», ou voyelle neutre). L’anglais, qui a un accent de mot marqué, est un bon exemple de langue à cadence accentuelle. Et comme l’on sait, le paradigme des voyelles s’effrite quelque peu en anglais, hors accent.
<em>Achlaut</em>
(terme articulatoire)
Le terme « achlaut » désigne la fricative dorso-vélaire sourde ([x]) attestée en allemand après les voyelles postérieures et ouvertes. En espagnol, un son correspondant s’appelle la « jota ».
Acouphène
(phonétique auditive et perceptive)
Le terme « acouphène » désigne un trouble relativement fréquent de l’audition. La personne atteinte de ce trouble éprouve des sensations auditives qui ne sont liées à aucune stimulation sonore. En d’autres termes, il y a perception d’un signal sonore en l’absence de tout signal sonore, le signal perçu pouvant prendre différentes formes, notamment le sifflement, le bourdonnement, le grésillement, etc. Le trouble d’acouphène peut être léger ou grave, temporaire ou permanent. Dans tous les cas, il nuit à la concentration et au travail. Le trouble d’acouphène peut survenir consécutivement à une exposition à un bruit trop fort. Dans ce cas il est temporaire, mais il peut également être lié à différentes maladies de la cochlée ou du nerf auditif, ou encore, être un symptôme de diverses affectations neurologiques. Dès lors, il sera probablement permanent.
Acoustique (champ)
(phonétique acoustique)
Le terme « champ acoustique » désigne la région de l’espace dans laquelle existent des vibrations acoustiques.
Acoustique (filtre)
(phonétique acoustique)
Au moment de la phonation, le conduit vocal se comporte comme un filtre acoustique avec les sons produits par les vibrations des cordes vocales. Chacune des cavités de résonance impliquées dans la phonation (cavités labiale, nasale, buccale et pharyngale) renforce les fréquences proches de sa fréquence propre et affaiblit d’autres fréquences. C’est ce mécanisme de renforcement et d’affaiblissement qui constitue ce que l’on nomme filtre acoustique.
Acoustique (phonétique)
(domaine de la phonétique)
Entre l’émetteur d’un message et son récepteur, elle envisage, à l’aide d’instruments techniques variés, les caractéristiques physiques de l’onde sonore transmise dans l’air. Les paramètres acoustiques des unités vocales sont la fréquence (mesurable en cycles/seconde -abréviation cps–, ou Hertz -Hz–), l’amplitude (dont l’unité relative est le déciBel -dB–), la durée (calculée en centièmes -cs–, ou millièmes de seconde -ms–) et le timbre (dont les composants sont appelés formants -F1, F2, F3, F4–). Divers appareils, comme l’analyseur de mélodie, l’oscillographe, le spectrographe, permettent ainsi de déterminer s’il s’agit de sons aigus ou graves, compacts ou diffus, forts ou faibles, longs ou brefs. Les propriétés suivantes sont également des traits acoustiques: bruyant ou sonnant, périodique ou apériodique, impulsionnel ou continu.
Acoustique (résonateur)
(phonétique acoustique)
Tout volume, quelle que soit sa forme, ayant une fréquence de résonance déterminée est un résonateur acoustique. L’appareil bucco-phonatoire est un tel résonateur.
Acoustique (spectre)
(phonétique acoustique)
Un spectre acoustique est une représentation, sous la forme d’un graphique, des composants d’un son. On obtient généralement une telle représentation à l’aide d’un analyseur de son appelé spectrographe, ou encore spectromètre. L’un des deux axes du graphique donne la fréquence et l’autre l’intensité. Le spectre tient également compte de la durée, de la présence ou non de voisement et des harmoniques.
Acoustique (timbre)
(phonétique acoustique)
Le timbre est cette qualité acoustique qui résulte du renforcement/amortissement de certains harmoniques au moment de la phonation. Le timbre acoustique d’un son est fonction des résonances qui le caractérisent. Il se définit par ses formants. C’est lui qui garantit la discrimination auditive des sons, notamment des voyelles. Sans le timbre acoustique, des événements sonores ayant les mêmes propriétés de durée, de fréquence et d’amplitude, resteraient indistincts sur le plan auditif. C’est pourquoi, du reste, d’aucuns emploient également le terme de timbre acoustique en référence à l’ensemble des caractéristiques perceptives d’un son donné.
Adduction
(terme articulatoire)
Se dit des cordes vocales lorsqu’elles sont rapprochées l’une de l’autre, fermant ainsi la glotte. Une forte pression sous-glottique, suivie d’une ouverture soudaine des cordes vocales, produira un «coup de glotte», bruit qui correspond à une consonne dans certaines langues (l’arabe, par exemple) et qui occupe d’autres fonctions dans d’autres langues (contrastif en allemand, expressif en français, etc.). Lorsque le ligament vocal est fermé mais que l’air s’échappe tout de même, il y a production de sonorité. On dit que les cordes vocales vibrent.
Affaiblissement
(phonétique combinatoire)
L’affaiblissement est le contraire du renforcement. Des consonnes occlusives sonores qui, en position intervocalique par exemple, tendraient à se réaliser comme des constrictives spirantes, constitueraient un bon exemple d’affaiblissement consonantique (cf. /b d g/ en espagnol). Sur le plan syntagmatique, on parle d’affaiblissement quand l’inertie domine. La syncope (chute de segments) en est un bon exemple: en français québécois, « université » prononcé [nvarste].
Afférentes (fibres)
(neurolinguistique)
Les fibres afférentes sont des cellules du système auditif central qui transmettent des informations sensorielles dans un mouvement qui part du système nerveux périphérique (plus précisément de l’organe de Corti) et qui se dirige vers le néo-cortex; il s’agit d’un mouvement centripète. Signalons que 95% des fibres afférentes innervent des cellules ciliées internes, chaque fibre ne s’articulant qu’avec une seule cellule ciliée interne. En revanche, chaque cellule serait en rapport avec environ 20 fibres différentes, ce qui indique que la synapse fonctionne dans le sens récepteur –> fibre (terminaison afférente). Les cellules ciliées externes sont innervées par 5% seulement des fibres sensorielles, chaque fibre innervant donc environ dix cellules ciliées externes. Chaque cellule ciliée externe recevrait des afférents de quatre fibres différentes environ.
Affermissement (voir renforcement)
(phonétique combinatoire)
Le renforcement est le contraire de l’affaiblissement. Des consonnes occlusives sourdes qui, sous l’effet de l’accent ou autre, tendraient à devenir aspirées, constitueraient un bon exemple de renforcement. Sur le plan syntagmatique, on parle de renforcement quand la pression du système fait en sorte que les articulations se maintiennent en faisant apparaître un segment inattendu: « réjel » au lieu de « réel ».
Affriquée
(définition articulatoire)
Une consonne affriquée combine successivement une occlusion et une constriction.
Agnosie auditive
(neurolinguistique)
L’agnosie auditive est un trouble affectant la reconnaissance et l’identification des stimuli sonores. Le patient atteint de ce déficit perçoit les sons, mais il ne les reconnaît pas. Il est incapable de les interpréter. Les capacités de lire, d’écrire et de parler des agnosiques demeurent toutefois normales. D’aucuns font la distinction entre l’agnosie auditive, qui affecte la compréhension de stimuli non verbaux et l’agnosie verbale, qui affecte la compréhension de stimuli verbaux.
Aggramatisme
(neurolinguistique)
L’agrammatisme est un trouble de l’expression orale caractérisé surtout par la réduction du nombre de structures syntaxiques et par la simplification des structures syntaxiques encore disponibles. Il y a absence de mots outils, prédominance des lexèmes, emploi de verbes à l’infinitif, manque d’accord, etc. Le vocabulaire est réduit, les phrases sont brèves et le débit est lent. Les productions des personnes atteintes de ce trouble demeurent toutefois assez efficaces quant à l’information transmise.
Aigu
(phonétique auditive et perceptive)
La contrepartie perceptive de la fréquence est la hauteur. Le terme « aigu » réfère à l’un des deux attributs perceptifs de la hauteur que sont: aigu et grave. Plus la fréquence d’un son est élevée, plus le son sera perçu comme aigu.
Aire de Broca
(neurolinguistique)
L’aire de Broca, du nom du chirurgien Paul Broca (1824-1880) qui, le premier, en 1865, localisa dans le cerveau ce qu’il appelait « la faculté du langage articulé », joue un rôle important dans la production de la parole fluente et bien articulée. On attribue généralement à l’aire de Broca un rôle central dans l’organisation du langage articulé: on croit ainsi qu’elle commande les lèvres, la langue, le palais, le pharynx, le larynx. Les patients atteints d’une aphasie de Broca, désordre de la parole résultant d’une lésion de l’aire de Broca, conservent intacte leur capacité de comprendre le langage, écrit et parlé, mais leur articulation est très perturbée: elle est lente et laborieuse. L’aire de Broca est une aire corticale située dans le tiers inféro-externe du cortex associatif spécifique moteur constituée du pied et du cap de la troisième circonvolution frontale gauche. L’aire de Broca correspond à l’aire 44 de Brodman.
Aire de Wernicke
(neurolinguistique)
L’aire de Wernicke, dont la taille et la localisation relatives peuvent varier d’un individu à l’autre, est considérée comme étant un mécanisme central de la compréhension du langage, et d’aucuns la considèrent également comme un centre de stockage de la représentation auditive des mots. L’aire de Wernicke est une aire corticale située dans le cortex associatif spécifique auditif, derrière et en bas du cortex auditif primaire, et formée de la moitié postérieure de la 1re circonvolution temporale gauche ainsi que du « planum temporale ». L’aire de Wernicke correspond aux aires 22, 37 et 42 de Brodman. Les patients atteints d’une lésion dans l’aire de Wernicke souffrent d’un déficit du décodage des informations auditives qui ont valeur linguistique, ainsi que d’un désordre expressif caractérisé par une parole fluide mais incompréhensible. Ce trouble est nommé aphasie de Wernicke ou aphasie sensorielle.
Alalie
(neurolinguistique)
Terme attribué en 1820 par Jacques Lordat (1773-1870) au trouble du langage que l’on connaît aujourd’hui sous le terme « aphasie »..
Alexie agnosique
(neurolinguistique)
L’alexie agnosique est aussi appelée cécité verbale pure ou alexie sans agraphie. Il s’agit d’un trouble relativement rare impliquant une difficulté à discriminer et à reconnaître les stimuli visuels propres au langage écrit, une difficulté à lire à voix haute, ainsi qu’un trouble de l’écriture copiée. Contrairement à l’alexique aphasique, l’alexique agnosique conserve sa capacité de comprendre la langue parlée et d’écrire spontanément. Il n’est pas affecté par d’autres désordres neurolinguistiques. L’alexie agnosique est caractérisée par une grande difficulté, voire l’incapacité totale de lire les mots et les phrases (alexie dite verbale). La capacité de lire les lettres présentées isolément est conservée, mais perturbée (alexie dite littérale). Plus les lettres sont simples (o, l, etc.), mieux elles sont reconnues et, inversement, plus elles sont complexes, plus elles sont confondues (R, A, S, m/n, p/q, etc.)..
Alexie aphasique
(neurolinguistique)
L’alexie aphasique est un trouble psycholinguistique affectant la compréhension du langage écrit. À la différence de l’alexique agnosique, ce patient est affecté par une difficulté de compréhension aussi bien de la langue écrite que de la langue parlée. La verbalisation et l’écriture spontanée sont aussi très perturbées. L’écriture copiée est cependant conservée. L’alexie aphasique implique une difficulté, voire l’incapacité totale, à reconnaître et à identifier les lettres présentées isolément, alors les mots et les phrases écrites (lecture globale) sont encore, quoique difficilement, compris.
Allongement
L’allongement des sons se produit lorsque leur durée se trouve augmentée. On note l’allongement par deux points placés après le son. Par exemple, le [a] allongé sera noté [a:].
Alphabet
Un alphabet est un ensemble de lettres servant à la transcription graphique des unités phoniques (consonnes, voyelles) d’une langue. Ces lettres sont généralement placées dans un ordre traditionnel. L’alphabet du français moderne comporte 26 lettres classées selon un ordre fixe de A à Z.
Alphabétique (écriture)
(écriture)
Une écriture est dite alphabétique quand chaque signe qu’elle utilise représente un segment, son ou lettre, sans distinction systématique de nature. L’écriture grècque (-2700 ans), elle-même empruntée à l’alphabet cananéen, est de type alphabétique.
Alvéo-dentale
(terme articulatoire)
Une consonne alvéo-dentale a à la fois les alvéoles et les dents supérieures comme lieu d’articulation..
Alvéolaire
(terme articulatoire)
Une consonne alvéolaire a les alvéoles comme lieu d’articulation. [t], [d], [n], [s], [z] et [l] sont des consonnes alvéolaires en français.
Alvéoles
(terme articulatoire)
Les alvéoles sont situées dans la partie osseuse antérieure de la voûte palatine. Ce sont les rebords de chair qui se trouvent derrière et au-dessus des incisives supérieures. Sur le plan linguistique, les alvéoles constituent le lieu d’articulation des consonnes alvéolaires ([t], [d], [s], [z], par exemple).
Alvéo-palatale
(terme articulatoire)
Une consonne alvéo-palatale combine les alvéoles et le palais dur comme lieu d’articulation.
Amplitude
(domaine acoustique)
L’amplitude est fonction de la pression sonore (P); plus celle-ci est grande, plus l’amplitude (A) est grande. P représente des variations de pression de part et d’autre d’une pression atmosphérique moyenne. Ces variations de pression sont mesurables en Micron Bar (1 micron=1 millième de millimètre). A est mesurable en watt/cm2 et est proportionnel au carré de la pression sonore. Le seuil de l’audition se situe à 2 x 10-4 (.0002) Micron Bar de pression, soit à une amplitude de 10-16 watt/cm2 (.000,000,000,000,000,1 watt). Le seuil de la douleur se situe à 2 x 103 Micron Bar de pression (2 millimètres), soit à une amplitude de 10-2 watt/cm2 (.01 watt). La gamme d’amplitude acceptable par l’oreille humaine couvre donc une étendue de 1014 watt/cm2 (100 millions de millions), ce qui correspond à une pression sonore de 107 (10 millions): (107)2 = 1014.
Le décibel (dB) est une unité logarithmique (à base 10) relative de mesure de l’amplitude. Le rapport d’intensité est de 1014. Le seuil de l’audition (10-16) est fixé à 100 d’amplitude, soit 0 dB. Le seuil de la douleur (10-2) se situe donc à 1014 d’amplitude, soit 140 dB. Chaque niveau représente un stade dix fois plus intense que le précédent, ou dix fois moins intense que le suivant. Un son de 60 dB est donc 10 fois plus intense qu’un son de 50 dB, 100 fois plus intense qu’un son de 40 dB, 1000 fois plus intense qu’un son de 30 dB, etc. En somme, pour qu’un son ait 10 dB de plus qu’un autre, il faut qu’il soit 10 fois plus intense que lui. Conventionnellement, une différence de 3 dB correspond à un rapport 2 (doublement), +6 dB = 4 fois plus intense, +9 dB = 8 fois plus intense. Voici quelques exemples de puissance sonore: 10 dB = respiration; 60 dB = conversation, à un mètre; 120 dB = marteau-piqueur, à un mètre, ou encore, un coup de tonnerre; 140 dB = avion à réaction au décollage, à 40 mètres; 175 dB = fusée spatiale, au décollage.
Amuïssement
Un son s’amuït lorsqu’il ne se prononce pas. Par exemple, l' »e » de « petit » peut s’amuïre: [pti].
Anacrouse
(prosodie)
L’anacrouse est un groupement de syllabes faibles (brèves et inaccentuées) qui permet souvent de révéler la présence du début d’un groupe intonatif. À côté de l’anacrouse, les autres critères qui sont utilisés de façon générale pour délimiter les groupes intonatifs sont la pause, ainsi que les variations de durée et de hauteur.
Analyse de Fourier
(phonétique acoustique)
« L’analyse de Fourier », aussi appelée « théorème de Fourier », est une explication mathématique, datant de 1936, qui stipule que toute onde complexe peut être analysée en un certain nombre de signaux sinusoïdaux simples ayant chacun une fréquence et une amplitude particulière. La période (T) du premier composant (ou harmonique) est égale à la période du son complexe. Cette période, qui représente le temps, exprimé en secondes, nécessaire au son complexe pour se répéter est dite période fondamentale (To). Le premier des composants du son complexe a également la même fréquence que le son complexe, cette fréquence étant dite fréquence fondamentale (Fo). L’une des découvertes de Fourier est que les composants du son complexe sont reliés entre eux de manière entièrement prévisible; Fourier a ainsi montré que les harmoniques (les composants) vibrent à des fréquences multiples exactes (fractions) d’une fréquence fondamentale. Par conséquent, à une fréquence fondamentale de 100Hz, correspondent des harmoniques de 200Hz, 300Hz, 400Hz, etc. L’amplitude des harmoniques décroît avec leur nombre.
Anarthrie
(neurolinguistique) L’anarthrie est une perturbation de la communication verbale, qui est parfois associée au syndrome de désintégration phonétique, mais dont elle se distingue, étant une perturbation de type arthritique plus sévère que le syndrome de désintégration phonétique. Dans certains cas d’anarthrie sévère, en effet, l’expression verbale du malade se limite à quelques formules automatiques ou encore le malade est complètement incapable de s’exprimer verbalement. L’anarthrie est caractérisée par l’incapacité à effectuer les mouvements articulatoires de la parole en l’absence de tout trouble moteur de l’appareil buccophonatoire. Comme pour la plupart des troubles arthritiques, l’anarthrie est moins perceptible dans le langage automatique (par exemple dans les jurons, les prières, etc.), que lors de la lecture à haute voix, lors de la conversation, etc. En fait, plus la situation exige du malade une production volontaire et propositionnelle, plus les troubles arthritiques sont nets. Les troubles anarthriques n’affectent pas la compréhension du langage, de même que la lecture. On a par ailleurs identifié trois types de perturbations motrices, associées au syndrome de désintégration phonétique: les troubles parétiques, dystoniques et dyspraxiques. Lorsque ces troubles surviennent isolément, on parle alors d’anarthrie parétique, d’anarthrie dystonique et/ou d’anarthrie dyspraxique.
Anéchoïque (chambre)
(phonétique acoustique)
Une chambre anéchoïque, ou chambre sourde, est un lieu spécialement conçu pour absorber le plus possible la réverbération du son. La réverbération est ce phénomène qui fait que le son est réfléchi de nombreuses fois sur les surfaces, après même que la source émettrice de celui-ci ait cessé d’émettre. Le seuil d’audition est plus élevé dans les lieux où la réverbération est plus forte. En d’autres termes, une trop grande réverbération de l’onde sonore rend la perception des signaux plus difficile, d’où l’intérêt des chambres anéchoïques pour effectuer de bons enregistrements.
Apériodique (onde)
(phonétique acoustique)
Alors que les sons sont engendrés par des ondes périodiques, certains bruits sont engendrés par des vibrations qui ne sont pas régulières, soit des vibrations apériodiques. Les cycles par unité de temps d’une onde apériodique sont constamment variables.
Antépénultième
La position antépénultième est celle qui précède l’avant dernière position dans une séquence donnée. Se dit généralement d’une syllabe ou d’un phonème.
Antérieure
(terme articulatoire)

Une voyelle antérieure s’articule sous le palais dur, à l’avant de la bouche.

Antériorisé
(phonétique articulatoire)
Un son est dit antériorisé lorsque, au moment de sa réalisation, il s’accompagne d’un déplacement de la langue vers l’avant de la cavité buccale. Un son antériorisé est donc soumis à une modification de son lieu d’articulation. En français québécois par exemple, la voyelle nasale postérieure (« an », « en ») est souvent réalisée comme une voyelle nasale antériorisée.
Anticipation
(phonétique combinatoire)
L’anticipation articulatoire peut être occasionnée par un encodage défectueux de la parole. Mais le plus souvent, il résulte tout simplement d’une assimilation régressive. Dans ce cas, il s’agit de l’adaptation d’un son à son environnement: par inertie, il tend à se rapprocher d’un autre son de type articulatoire différent avec lequel il est en contact. Ex.: « médecine » se prononce avec un [d] sourd voire comme [t], sous l’influence de la consonne sourde ([s]) qui suit.
Anti-formant
(phonétique acoustique)
Les voyelles et les consonnes nasales sont, au plan acoustique, caractérisées par la présence de formants aussi bien que d’antiformants. Les antiformants, qui sont un effet de filtration, causent une absorption spécifique de l’énergie acoustique lors de la phonation. Cette absorption résulte du fait que les segments nasals sont produits par l’abaissement du voile du palais, lequel abaissement provoque la mise en rapport du conduit nasal avec le conduit buccal. Ce branchement d’un conduit parallèle au conduit vocal n’est pas sans conséquence sur le plan acoustique: il modifie les caractéristiques de résonance du conduit vocal et introduit des antiformants. La bande de fréquence affectée par ces antiformants correspond généralement, dans le cas des voyelles, à des valeurs se situant entre 800 et 2000Hz, soit des valeurs s’approchant du 2e formant. Ce phénomène d’absorption est aussi dit « anti-résonance ».
Aperture
(terme articulatoire)
L’aperture est l’espace qui est délimité par l’articulateur, d’une part, et le lieu d’articulation, d’autre part. Il existe en français quatre degrés d’aperture buccale: premier degré d’aperture ou aperture minimale (voyelles fermées), deuxième degré d’aperture (voyelles mi-fermées), troisième degré d’aperture (voyelles mi-ouvertes) et quatrième degré d’aperture ou aperture maximale (voyelles ouvertes). Ces degrés sont déterminés de façon plutôt arbitraire; il n’existe, dans les faits, aucune mesure précise entre les différents degrés d’aperture.
Apex (ou pointe de la langue)
(terme articulatoire)
L’apex est le nom donné à la pointe de la langue. Il sert d’articulateur dans la production de plusieurs consonnes (dites « apicales »).
Aphémie
(neurolinguistique)
Nom donné en 1861 par le chirurgien français Paul Broca à la perturbation acquise de la « faculté du langage articulé », liée à une lésion de la 3e circonvolution frontale gauche. Cette perturbation de l’articulation de la parole, qui n’implique pas de paralysie des organes phonatoires et dans laquelle la compréhension verbale demeure intacte, est aujourd’hui dite « aphasie de Broca ».
Apicale
(terme articulatoire)
Une consonne apicale a la pointe de la langue comme articulateur. [t], [d], [n] et [l] sont des consonnes apicales.
Apico-alvéolaire
(terme articulatoire)

Une consonne apico-alvéolaire a les alvéoles comme lieu d’articulation et la pointe de la langue comme articulateur.

Apico-dentale
(terme articulatoire)

Une consonne apico-dentale a les incisives supérieures comme lieu d’articulation et la pointe de la langue comme articulateur.

Apico-prépalatale
(terme articulatoire)
Une consonne apico-prépalatale a la pointe de la langue comme articulateur et la partie antérieure du palais dur comme lieu d’articulation.
Apocope
L’apocope consiste en la chute d’un ou de plusieurs sons (voire une syllabe) à la fin d’un mot, par changement phonétique ou par abrègement. On dit « télé » pour télévision, « auto » pour automobile, par apocope.
Appareil phonatoire
(phonétique articulatoire)
L’appareil phonatoire, ou buccophonatoire, est un terme utilisé en phonétique pour désigner l’ensemble des structures impliquées dans la production de la parole: poumons, larynx et cavités supra-glottiques (pharyngale, nasale, buccale et labiale). Ce terme comprend également les muscles, ligaments et autres structures impliqués directement ou indirectement dans la phonation.
Appareil vestibulaire (vestibule)
(phonétique auditive et perceptive)
Situé dans l’oreille interne, l’appareil vestibulaire, ou vestibule, peut être divisé en deux composantes principales: les sacs vestibulaires (l’utricule et le saccule) et les canaux semi-circulaires (supérieur, postérieur et latéral). Les informations sur l’équilibre et sur la position du corps dans l’espace proviennent (en partie) des récepteurs sensoriels formant l’appareil vestibulaire, c’est-à-dire, pour les sacs vestibulaires, la macula, et pour les canaux, la crête ampullaire. Ces récepteurs (macula et crête ampullaire) ne jouent aucun rôle dans l’audition; ils ne sont stimulés que par les mouvements de la tête et par les différentes positions que la tête peut prendre dans l’espace.
Apraxie buccofaciale
(neurolinguistique)
Le terme d' »apraxie buccofaciale », ou d' »apraxie bucco-linguo-faciale », regroupe les perturbations affectant l’ensemble des mouvements bucco-linguo-faciaux à buts non verbaux. Ces perturbations apparaissent dans l’exécution volontaire des mouvements impliquant la musculature de la bouche et du visage, sur demande, ou encore, par imitation (tirer la langue, gonfler les joues, siffler, déplacer la pointe de la langue hors de la bouche, etc.). Ce déficit rend de tels mouvements très difficiles, parfois même impossibles. L’apraxie buccofaciale n’est pas une paralysie, puisque les mêmes mouvements peuvent être exécutés normalement dans des gestes automatiques ou réflexes (souffler une allumette, embrasser spontanément une personne connue, etc.). Elle correspond plutôt à un désordre dans l’exécution de schémas moteurs fins affectant la motricité buccofaciale volontaire. L’apraxie buccofaciale est distincte du syndrome de désintégration phonétique et de l’anarthrie auxquels elle est parfois associée.
Arrière
(terme articulatoire)
Une voyelle d’arrière s’articule sous le palais mou (voile du palais), donc à l’arrière de la bouche. C’est une voyelle postérieure.
Arrondie
(terme articulatoire)

Une voyelle arrondie se caractérise par une projection des lèvres vers l’avant, celles-ci s’éloignant des dents. Le cas échéant, les lèvres s’arrondissent également.

Articulateur
(terme articulatoire)
L’articulateur est l’organe qui se rapproche ou entre en contact avec la partie supérieure du conduit vocal dans la réalisation des différentes articulations. Ce peut être une partie quelconque de la langue ou encore la lèvre inférieure.
Articulation (lieu d')
(terme articulatoire)
Endroit de la partie supérieure du conduit vocal où se produit l’articulation. Le lieu d’articulation peut être la lèvre supérieure, les incisives supérieures, les alvéoles, le palais dur, le palais mou, la luette (l’uvule) ou le pharynx.
Articulation moyenne
(terme articulatoire)
Une voyelle est dite moyenne, en aperture, quand elle n’est ni fermée ni ouverte. En français, outre « cheva », on distingue deux sous-catégories parmi les voyelles d’aperture moyenne: les mi-fermées et les mi-ouvertes.
Articulatoire (battement)
(terme articulatoire)
Le battement articulatoire consiste en un mouvement rapide et saccadé ou bien de la pointe de la langue ([r], vibrante apicale dite « roulée »), ou bien de la luette ([R], vibrante uvulaire dite « grasseyée »), lors de la production de la consonne « r ».
Articulatoire (critères de classement)
(terme articulatoire)
Le classement articulatoire des sons humains se fait à partir de six critères : le voisement, la résonance nasale, la résonance labiale, le mode articulatoire, le lieu d’articulation et l’articulateur.
Articulatoire (débit)
(prosodie)
Le débit articulatoire correspond à la vitesse d’énonciation, au déroulement temporel de l’émission des unités phoniques de l’énoncé, comprenant les pauses remplies, les syllabes prolongées et les hésitations, mais excluant les pauses silencieuses. Le débit se calcule en syllabes, en segments ou en mots. On distingue trois types de débits réguliers (lent, moyen, rapide) et deux types de changements de débit (accélération et ralentissement).
Articulatoire (mode)
(terme articulatoire)
Le mode articulatoire correspond à la qualité du passage de l’air entre l’organe articulateur et le lieu d’articulation. Le conduit vocal peut être totalement obstrué (consonnes occlusives), fortement resserré (consonnes constrictives) ou à peine réduit (voyelles).
Articulatoire (phonétique)
(domaine de la phonétique)
On l’appelle aussi phonétique physiologique. Il s’agit d’une branche de la phonétique qui examine les productions orales faites à l’aide de l’appareil phonatoire. Les unités vocales y sont définies en tenant compte de l’action du larynx, notamment des cordes vocales, ainsi que des cavités supra-glottiques (pharyngale, buccale, nasale, labiale). On utilise généralement six critères articulatoires pour décrire les sons des langues: le voisement (sonore ~ sourd), la résonance nasale (nasal ~ oral), la résonance labiale (labialisé/arrondi ~ non labialisé/non arrondi), le mode articulatoire (occlusive ~ constrictive ~ vocalique…), le lieu d’articulation (labial, dental, alvéolaire, palatal, vélaire, uvulaire, pharyngal, laryngal) et l’articulateur (labial, apical, dorsal, radical, épiglottal). L’analyse articulatoire peut avoir recours à des techniques particulières très sophistiquées (voir phonétique expérimentale): palatographie, cinéradiologie, électromyographie, stroboscopie, laryngoscopie, glottographie, etc.
Aryténoïdes
(phonétique articulatoire)
Les aryténoïdes forment une paire de cartilages mobiles du larynx, de forme pyramidale, appuyés sur l’arrière du cricoïde. Ils servent d’ancrage aux cordes vocales. Ce sont les aryténoïdes qui écartent et rapprochent les cordes vocales, déterminant ainsi l’ouverture ou la fermeture de la glotte. L’épaisseur et la longueur des cordes vocales sont modifiées par les mouvements des aryténoïdes.
Aspirée
(terme articulatoire)

Une consonne aspirée suppose que, les cordes vocales étant ouvertes, un souffle glottal colore une articulation principale.

Assibilation
(terme articulatoire)
Développement d’une sifflante, en fin d’émission, après certaines occlusives (cf. français québécois « tu » prononcé comme [tsy]). Si une assibilée constitue nécessairement une affriquée, le contraire n’est pas forcément vrai: en allemand, [pf] (dans « pferd ») est une affriquée mais non pas une assibilée. Sur le plan de l’évolution phonétique, l’assibilation représente souvent une étape intermédiaire dans le processus du passage d’une occlusive vers une constrictive: le mot latin « ceram » s’est prononcé « tseram » avant de passer à « cire ».
Assimilation double
(phonétique combinatoire)
Adaptation d’un son qui tend à se rapprocher, par inertie, d’un autre son de type articulatoire différent avec lequel il est en contact. L’assimilation double se fait simultanément de gauche à droite et de droite à gauche. Ex.: « maintenant », où le [t] passerait à [n] sous l’influence du double contexte nasal qui le précède et le suit.
Assimilation partielle
(phonétique combinatoire)
Adaptation d’un son qui tend à se rapprocher, par inertie, d’un autre son de type articulatoire différent avec lequel il est en contact. L’assimilation est partielle lorsque le son assimilé garde un ou plusieurs traits distincts.
Assimilation progressive
(phonétique articulatoire)
Les aryténoïdes forment une paire de cartilages mobiles du larynx, de forme pyramidale, appuyés sur l’arrière du cricoïde. Ils servent d’ancrage aux cordes vocales. Ce sont les aryténoïdes qui écartent et rapprochent les cordes vocales, déterminant ainsi l’ouverture ou la fermeture de la glotte. L’épaisseur et la longueur des cordes vocales sont modifiées par les mouvements des aryténoïdes.
Assimilation régressive
(phonétique combinatoire)
Adaptation d’un son qui tend à se rapprocher, par inertie, d’un autre son de type articulatoire différent avec lequel il est en contact. L’assimilation régressive se fait de droite à gauche. Ex.: dans [medsin] (« médecine »), [d] devient sourd et se réalise (presque) comme [t] sous l’influence de la consonne sourde [s] –> [metsin].
Assimilation totale
(phonétique combinatoire)
Adaptation d’un son qui tend à se rapprocher, par inertie, d’un autre son de type articulatoire différent avec lequel il est en contact. L’assimilation est totale lorsque le son assimilé adopte les traits du son contigu et perd les siens.
Atone (ou inaccentuée)
(prosodie)
Est atone (ou inaccentuée) toute syllabe qui ne porte pas d’accent, ou de ton, le cas échéant.
Attaque
(terme de prosodie)
L’attaque et la rime (formée quant à elle d’un noyau et de la coda) sont les deux composantes métriques d’une syllabe. L’attaque comprend la (ou les) consonne(s) qui précède(nt) le noyau.
Audibilité (champ d')
(phonétiques auditive, perceptive et acoustique)
Le champ d’audibilité correspond à l’ensemble des sons audibles par l’homme. Il réside entre le seuil de l’audition (entre 0 et 40dB) et le seuil de la douleur (environ 120dB). Pour ce qui est des fréquences, le champ d’audibilité est conventionnellement compris entre 20 et 20000Hz. En réalité, le champ auditif humain connaît des variations interpersonnelles et intrapersonnelles importantes. Pour ne donner qu’un exemple, la limite supérieure des fréquences audibles diminuant avec l’âge, les personnes âgées sont moins sensibles aux sons aigus que les adultes et les enfants. Lorsque cela devient un trouble auditif, il est appelé « presbyacousie », par analogie avec le trouble de la vue appelé « presbytie », qui apparaît également avec l’âge. Par ailleurs, signalons que la conversation n’utilise qu’une faible partie du champ auditif.
Audiogramme
(audiométrie)
Le terme « audiogramme » désigne un graphique, utilisé en audiométrie tonale, qui enregistre l’habileté auditive d’un sujet à entendre des sons purs à fréquences variables. Ce que l’on mesure, en audiométrie tonale, c’est le seuil de l’audition pour différentes fréquences. On compare ensuite ces résultats au seuil normal pour les mêmes fréquences, de façon à déterminer le déficit auditif et à étudier l’audiogramme qui représente graphiquement ce déficit en fonction de la fréquence.
Audiologie
L’audiologie est l’étude (examen, évaluation et traitement) de l’audition et des désordres du système auditif périphérique et central. Le spécialiste de l’audiologie, l' »audiologiste », est un clinicien amené à rencontrer des personnes de tous les âges: nourrissons, enfants, adolescents, adultes et personnes âgées. Parmi les personnes avec lesquelles l’audiologiste travaille se trouvent évidemment des personnes sourdes et malentendantes, mais également des personnes qui risquent de subir une perte auditive causée par l’exposition au bruit (en milieu de travail ou ailleurs), la prise de certains médicaments, une infection de l’oreille moyenne, ou encore, à cause de facteurs héréditaires. L’audiologiste travaille dans des centres hospitaliers, des centres de réadaptation, des centres d’hébergement et de soins de longue durée, des directions de la santé publique, des CLSC, ainsi qu’en en bureau privé.
Le travail de l’audiologiste consiste d’abord à évaluer le degré de perte auditive de la personne, son équilibre et les troubles qui y sont associés. Il recommande ensuite le traitement approprié, en tenant compte de la situation de vie de la personne et de ses besoins. L’audiologiste doit aussi prendre le temps d’expliquer aux personnes concernées le résultat des évaluations qu’il a effectuées, et s’assurer que la personne comprend ce qui lui arrive et ce que cela implique. L’audiologiste propose des aides auditives qui peuvent prendre la forme de prothèses auditives, de contrôle de l’environnement, etc. Il apprendra à la personne et à son entourage des moyens et des attitudes qui faciliteront la communication, rendue plus difficile par le trouble auditif.
Audiométrie
Le terme « audiométrie » renvoie à l’ensemble des méthodes utilisées pour mesurer l’audition normale et anormale, et pour diagnostiquer la surdité. L’audiométriste, spécialiste de l’audiométrie, a pour tâche de déterminer les types de surdité et de remédier, dans la mesure du possible, aux déficits auditifs. On distingue principalement deux méthodes en audiométrie: l’audiométrie dite subjective, qui implique la participation active du sujet. Cette méthode est subdivisée en audiométrie tonale, qui utilise des sons purs afin d’évaluer l’audition, et l’audiométrie vocale, qui mesure l’intelligibilité du langage en recourant à des mots et non à des sons purs. La seconde méthode est dite objective, car elle ne fait pas appel à la participation active du sujet. L’audiométrie objective est souvent employée avec des nourrissons, des jeunes enfants et des personnes intellectuellement déficientes.
L’appareil utilisé en audiométrie tonale est l' »audiomètre ». Il consiste essentiellement en un générateur électrique de basses fréquences capable de produire toutes les fréquences audibles et un mécanisme de transformation des ondes électriques produites en ondes sonores que l’on fait entendre aux sujets afin d’évaluer leur audition.
Auditif (nerf)
(phonétique auditive et perceptive)
C’est le ganglion de Corti, situé dans la cochlée, qui donne naissance au nerf auditif. Ce dernier est composé d’environ 30000 fibres afférentes dont le rôle est de transmettre l’information sensorielle au cerveau, plus spécifiquement à une région de l’aire temporale dite aire de projection auditive. Les voies auditives nerveuses vers le cerveau commencent par le nerf auditif, qui pénètre dans le tronc cérébral au niveau du bulbe rachidien et passent par de nombreux relais, dont le premier est le noyau cochléaire du bulbe rachidien, avant d’atteindre l’aire de projection auditive.
Audition (seuil d')
(phonétiques auditive, perceptive et acoustique)
On appelle « seuil d’audition » la plus petite intensité permettant de tout juste percevoir un son d’une fréquence donnée. Le seuil de l’audition, que l’on évalue généralement à l’aide de sons sinusoïdaux simples en condition monaurale, varie en fonction de l’intensité et de la fréquence et n’est souvent pas identique pour les deux oreilles d’un même individu, les différences interaurales pouvant en effet atteindre jusqu’à 6dB. Conventionnellement, un son de 10-16 watt/cm2 correspond à un son de 0dB. C’est vers 2000 à 3000Hz que l’on trouve la valeur minimale pour le seuil d’audition humain, ce qui signifie que les sons de 2000 à 3000Hz nécessitent une intensité minimale pour être perçus.
Auditive (phonétique)
(domaine de la phonétique)
Comme son nom l’indique, l’objet de la phonétique auditive est l’audition. Elle comprend trois champs d’études: l’anatomie et la physiologie de l’oreille (externe, moyenne et interne), son fonctionnement, et en particulier celui de la cochlée, et les voies auditives vers le tronc cérébral. Traditionnellement, on sépare le système auditif en deux parties, le système périphérique, qui s’arrête au niveau des premiers neurones du nerf auditif, et le système central, qui va des premiers neurones au néo-cortex. Ce dernier système est lui-même constitué de deux ensembles de fibres nerveuses, un système afférent qui va de l’oreille au cortex et un système efférent qui va du cortex vers la périphérie. Le système auditif périphérique code le signal acoustique en un influx nerveux non sans transformer ses modes de transmission: a) mode aérien jusqu’au tympan (oreille externe); b) mode mécanique de là à la fenêtre ovale (oreille moyenne); c) mode hydro-mécanique dans la membrane basilaire (oreille interne ou cochlée); d) mode électro-chimique au niveau des cellules ciliées (partie de l’organe de Corti).
Auditive (discrimination)
(phonétique auditive et perceptive)
Le terme « discrimination » réfère à la capacité de distinguer les sons les uns des autres. C’est, en d’autres termes, la capacité de séparer un stimulus sonore d’un autre grâce à un nombre de différences suffisantes entre les deux stimuli. D’aucuns emploient également ce terme pour référer à l’habileté à entendre de toutes petites différences d’ordre phonétique, distinctives ou non, entre deux ou plusieurs sons.
Avant
(terme articulatoire)
Une voyelle d’avant s’articule sous le palais dur, donc à l’avant de la bouche. C’est une voyelle antérieure.

B

Bande de fréquences
(phonétique acoustique)
Le terme « bande de fréquences » désigne un ensemble plus ou moins étendu de fréquences voisines. Des filtres acoustiques peuvent être construits pour ne laisser passer que certaines fréquences prédéterminées. On parlera ainsi de filtres passe-bandes (hauts, moyens, bas, etc.).
Basilaire (membrane)
(phonétique auditive et perceptive)
Membrane de l’oreille interne située dans la cochlée et tendue entre la lame spirale interne et la lame spirale externe. La membrane basilaire a une longueur d’environ 25 à 35 mm et une épaisseur d’environ 0,003 mm. Sa largeur varie selon que l’on considère la base (environ 0,04 mm) ou l’apex (environ 0,36 mm). La membrane basilaire sert de support à l’organe de Corti, lequel est le récepteur des vibrations. La membrane basilaire forme, avec la membrane de Reissner, un canal de forme triangulaire appelé canal cochléaire.
Battement (effet de)
(phonétique perceptive et acoustique)
Lorsque l’on présente simultanément à un auditeur deux sons de fréquences différentes, cet auditeur discrimine normalement deux sons différents. Cependant, si l’on présente simultanément à un auditeur deux sons de fréquences voisines, par exemple un son de 200Hz et un son de 202Hz, l’auditeur ne percevra alors qu’un seul son dont l’intensité varie régulièrement, s’affaiblissant et se renforçant successivement. C’est cette fluctuation de l’intensité perçue qui est appelée effet de battement. Ces battements seront d’autant plus facilement perceptibles que leur intensité est voisine. La fréquence des battements correspond à la différence de fréquence entre les deux sons qui « battent ». Phénomène intéressant: deux sons légèrement trop faibles pour être perçus séparément peuvent donner naissance à des battements audibles.
Battue
(terme articulatoire)
Une (consonne) vibrante battue (/r/ bref) ne comporte, contrairement à la vibrante roulée (/r:/ long), que très peu de battements de l’articulateur (pointe de la langue). L’espagnol est une langue qui utilise cette différence phonétique à des fins distinctives.
Bégaiement
Le bégaiement est un trouble de la parole dont environ 1% de la population est atteinte. Dans 4 cas sur 5, la personne bègue est de sexe masculin. Le bégaiement existe aussi bien chez l’enfant que chez l’adulte, mais il débute généralement dans l’enfance, entre 3 et 7 ans. Le bégaiement est caractérisé par des accidents dans le déroulement de la parole (répétition de syllabes, prolongements de sons, blocages). Ces accidents peuvent s’accompagner de spasmes respiratoires, mouvements involontaires du visage ou du corps tout entier. Mais le bégaiement est également un problème de communication qui varie sous l’influence de l’émotion, de la fatigue, de la crainte même de bégayer, et des efforts faits pour le dissimuler. Il peut aussi varier selon les périodes, sans autre raison apparente. Le bégaiement n’existe que dans le contexte de la communication spontanée. Plusieurs facteurs pourraient être à l’origine du bégaiement, notamment des troubles neuropsychologiques, des troubles moteurs, des troubles de la personnalité, des problèmes liés à l’environnement familial ou scolaire, etc. Ceci dit, il n’y a pas à ce jour de théorie de la genèse du bégaiement qui soit universellement admise.
Bernouilli (effet de)
(phonétique articulatoire)
L’effet de Bernouilli, du nom du mathématicien suisse Daniel Bernouilli (1700-1782), est un phénomène physique par lequel la pression de l’air dans un corps solide est réduite lorsque l’air s’échappe de ce corps. Ce phénomène est important en phonétique parce qu’il est impliqué dans la vibration des cordes vocales. Au moment de la phonation, la fermeture des cordes vocales entraîne une augmentation de la pression sous-glottique. Cette pression force les cordes vocales à s’écarter et l’air peut ainsi s’échapper. La pression de l’air diminue alors et les cordes vocales se referment, ce qui entraîne l’augmentation de la pression sous-glottique. La répétition rapide de cette séquence constitue la sonorité nécessaire à toutes les langues.
Bi-labiale
(terme articulatoire)

Une consonne bi-labiale a la lèvre supérieure comme lieu d’articulation et la lèvre inférieure comme articulateur.

Bi-locale
(terme articulatoire)

Une consonne bi-locale implique deux lieux d’articulation simultanés.

Binaurale (écoute)
(phonétique auditive et perceptive)
L’écoute binaurale est une situation expérimentale dans laquelle on stimule les deux oreilles, généralement par le biais d’écouteurs, pour étudier la perception des sons, en particulier leur spatialisation. L’écoute binaurale peut être diotique ou dichotique. L’écoute diotique implique une stimulation identique des deux oreilles alors que l’écoute dichotique implique une stimulation inégale des deux oreilles, les deux stimuli pouvant différer soit en intensité, soit en phase, ou autre.
Blèsement (ou zézaiement)
(terme articulatoire)
Le blèsement, appelé également zézaiement, est un défaut de prononciation qui consiste en la substitution de « ch » (une consonne chuintante) par « s » (une sifflante) et de « g » ou « j » (consonnes chuintantes) par « z » (sifflante).
Bref
Le terme « bref » sous-tend une opposition de quantité quand une voyelle longue s’oppose à une voyelle brève correspondante. La durée de l’émission de la voix est prolongée dans le cas des voyelles longues. Il faut distinguer entre longueur distinctive, qui permet une opposition entre deux segments, et longueur simplement physique qui ne fait pas l’objet d’un choix de la part du locuteur et qui est déterminée par le contexte. Le français a connu une opposition de longueur jusqu’au XVIIIe siècle, mais cette opposition n’est conservée de nos jours que chez certains locuteurs qui opposent toujours le « e » de « mettre » au « aî » de « maître », par exemple, comme chez les locuteurs québécois.
Broca (aire de)
(neurolinguistique)
L’aire de Broca, du nom du chirurgien Paul Broca (1824-1880) qui, le premier, en 1865, localisa dans le cerveau ce qu’il appelait « la faculté du langage articulé », joue un rôle important dans la production de la parole fluente et bien articulée. On attribue généralement à l’aire de Broca un rôle central dans l’organisation du langage articulé: on croit ainsi qu’elle commande les lèvres, la langue, le palais, le pharynx, le larynx. Les patients atteints d’une aphasie de Broca, désordre de la parole résultant d’une lésion de l’aire de Broca, conservent intacte leur capacité de comprendre le langage, écrit et parlé, mais leur articulation est très perturbée: elle est lente et laborieuse. L’aire de Broca est une aire corticale située dans le tiers inféro-externe du cortex associatif spécifique moteur constituée du pied et du cap de la troisième circonvolution frontale gauche. L’aire de Broca correspond à l’aire 44 de Brodman.
Bruit
(phonétique acoustique)
Sur le plan acoustique, le concept de bruit s’oppose à celui de son. Contrairement au son, le bruit est généralement apériodique. Il peut alors comporter ou non des formants. Lorsqu’il lui arrive d’être périodique, il ne présente aucun formant. En français, [p] et [s] sont des bruits apériodiques, alors que [d] et [z] sont des bruits périodiques. Les vibrations apériodiques ne sont pas régulières. Le nombre de cycles par unité de temps est constamment variable de leur cas.
Bruit blanc
(phonétique acoustique)
Par analogie avec la lumière blanche qui contient toutes les longueurs d’onde, un bruit est dit blanc lorsqu’il est formé de toutes ou presque toutes les fréquences audibles, soit de 20 à 20 000Hz. Tous les composants du bruit blanc doivent avoir la même amplitude. Les bruits blancs sont produits en laboratoire.
Bruyante
(terme acoustique)
Sur le plan acoustique, les consonnes bruyantes s’opposent aux sonantes. Ces dernières comportent généralement des formants et agissent à l’occasion comme centre de syllabe. Les consonnes bruyantes n’ont pas de formants à proprement parler, bien que des zones spécifiques d’énergie spectrale les caractérisent. Les bruyantes peuvent être périodiques (/b v/) ou apériodiques (/p f/), impulsionnelles (/p b/) ou continues (/f v/).
<em>Burst</em>
(terme articulatoire)
Un « burst » correspond au bruit de la petite explosion qui accompagne l’émission d’une occlusive.